Un 14 juillet, Gare Montparnasse

(Durant le Covid)

Un jeune casque sur les oreilles assis par terre attend, comme nous tous.

Une patrouille de flics arrive. Le jeune n’a pas de masque. Contrôle. Je m’apprête à lui donner un masque (j’en ai tout un stock dans mon sac). Le jeune est apparemment bien bourré… Il dit qu’il est militaire, les flics ont un doute et lui demande ses papiers. Je me perds dans mon sac … et finalement je le referme et ne sors pas le masque : Le côté bourré et militaire, j’avoue, m’a stoppée, tout à fait connement.

À ce moment-là, une femme, noire, d’un certain âge avec deux grands sacs de supermarché passe rapidement et donne à l’un des flics un masque en pointant le jeune, et file prendre son train. Sans un mot. Spontanément. Quelle belle leçon : pour moi, pour les flics, pour le jeune. Le flic indique au jeune la femme qui lui a donné ce masque et qui s’éloigne déjà… Cette femme de dos à présent, avec deux gros sacs et un petit garçon d’une douzaine d’années … sans attendre aucun merci, sans se retourner a fait ce qui lui semblait juste : donner ce qu’elle pouvait donner, à un inconnu qui allait avoir plus de soucis que ce qu’il n’avait déjà.

Bravo madame. Les flics s’en vont très poliment, en souhaitant une bonne journée au jeune, qui lui galère à mettre son masque : du coup il demande à un groupe de jeunes qui passent, comment faire : connexion, connivence, …

Ha quelle belle fête nationale !😉

Du vert vers le béton

Ligne U

Cette ligne est celle des beaux quartiers comme on dit dans notre petite commune de banlieue. La gare de départ de la ligne U est en pleine forêt de Marly, près de St Germain-en-Laye, si si, c’est étonnant. Il faut évidemment y venir en voiture (ou en bus, mais là c’est moins classieux et moins rapide), rouler un peu en forêt et se garer dans une grande allée goudronnée entourée d’arbres, forcément.

J’avoue que comme démarrage de journée de boulot c’est sympa. Ensuite, vous marchez 3-4 minutes pour arriver à une jolie petite gare style début du siècle dernier qui trône entre 2 voies. Lorsque le train n’est pas encore à quai, on peut continuer d’humer avec bonheur l’odeur de la forêt au réveil, écouter le pépiement des oiseaux qui se souhaitent le bonjour dans un charmant bordel. Il m’est même arrivé de voir des petites biches se reposer le long de la voie, juste après le bout du quai. Ha savent vivre les bourgeois quand même. C’est autre chose que la gare d’EVRY Courcouronnes !

Gare de St Nom-la-Bretêche

Ensuite, une fois dans le train, le charme se poursuit car le paysage est toujours verdoyant avec des trouées laissant apparaître de magnifiques maisons bourgeoises… parfois avec piscine… L’Étang-la-Ville, Bougival, Louveciennes, Marne-la-Coquette… puis la verdure s’éclipse, le béton se densifie jusqu’à La Défense : là on laisse descendre les hommes à costumes et ordinateurs portables importants, vont gagner plein de sous, …du moins leur société. Il y a aussi beaucoup de femmes « importantes » qui descendent : coiffure et maquillage impeccables, légère odeur de parfum dans les pans de leur manteau épais et duveteux. Elles ont aussi l’ordinateur portable… faut croire qu’ils bossent tous chez eux le soir, après leur journée. Sont in-dis-pen-sables !

Bon, moi je continue jusqu’au terminus, St Lazare : autre ambiance. Comme l’impression d’avoir quitter un cocon de verdure, de luxe et de quiétude pour être lancée dans de l’hyper urbain, hyper mouvementé, hyper speed, hyper (trop) humain…

1ère visite impromptue à Trappes

10/09 – le rendez-vous le plus court de ma vie

Ma demande de formation reste sans réponse. J’appelle Pôpole : « 3#2**45667# » puis 5 mn d’attente. Hourra une standardiste décroche. Pas possible de parler à Mr G, il faut se déplacer. A Trappes. « Mais vraiment faut se déplacer ? Un coup de fil n’est pas possible ? »

« Non. »

4j plus tard, toujours pas de réponses mails. Je me déplace donc à l’agence de Popole de Trappes comme vu par téléphone. Bouchons, situation normale à cette heure. J’arrive à 09h18

Le hall d’accueil est plein. Vraiment c’est un bon business… je comprends mieux pourquoi des sociétés de formations sans scrupules gagnent plein de blé (si, si, j’en connais… des amis qui vivent mieux que « plus que bien » en vendant des formations à Pôle. Et sans frais en recherche de clients !

10 personnes devant moi, très vite autant derrière. Comme les autres fois (décidément ils n’ont toujours pas trouvé 5 minutes pour s’organiser !) 2 agents Pôpole appellent régulièrement « y a t’il des gens qui ont rv ? » régulièrement 2-3 personnes sortent de la file d’attente et se font accompagner par les 2 agents soit à l’étage soit dans la salle d’attente déjà pleine. Et donc les 2 agents de l’accueil prennent le relais des 2 autres au lieu de faire avancer la file d’attente. Vraiment étrange ce fonctionnement.

Un agent Popole : « Pour la reunion CSP suivez moi ! » Vlan, toute la salle de réunion ou presque se lève ! Tous les mardis matin (au moins) il y a 15-20 nouvelles personnes licenciées eco… Tristesse.

Mon tour finit par arriver.

« J’aimerais voir mon conseiller, M. G. »

« Ha ben faut lui faire un mail »

« Ha ben il ne répond pas à ses mails …. ma demande de formation date de juillet voyez-vous ».

« Ha si, il répond toujours mais là c’était les congés d’été donc… » et là il sent le vide de sa réponse… et rajoute « Mais ses collègues prennent le relais »

Moi : « Ben visiblement non »

Lui : « Quand commence votre formation ? »

Moi : « Dans 2 jours »

Il prend le téléphone… attend et raccroche.

Lui : « bon il n’est pas dans son bureau. Votre numéro identifiant »

« Ha le numéro… » Noooon je ne suis pas un numéro !!!! » pensè-je très fort.

Mais si, je suis bien un numéro. Je donne mon numéro.

Lui : « voilà c’est noté il va vous appeler. Redonnez moi votre numéro de téléphone » . Décidément sans numéro nous ne sommes plus rien !

Moi : «  Ok. J’attends ou je rentre chez moi ? »

Regard hagard du type : « ben nan vous partez. Personne suivante ! »

Montre en main : 8 mn.

Franchement, ma standardiste n’aurait pas pu me passer M. G au téléphone ???!!!? Tout ça pour ça ? Situation pas réglée et déplacement pour rien.

Donc je ne verrai personne… je sors lentement le regard vide un nœud au plexus. Coup bas.

La demande de formation

Alors j’avais compris que ce fameux CSP permettait un retour à l’emploi de façon durable , « sécurisée ». Donc, une demande de formation, notamment dans mon cas (+55 ans , jamais formée par mon ancien employeur) une bonne remise à niveau serait la bienvenue et ne pourrait que être appuyée par Pôpole ! haha… que nenni. Et voici l’autre vrai parcours du combattant (après, ou avant c’est selon, la recherche d’emploi).

  1. Convaincre ma conseillère CSP
  2. Trouver la formation et des dates adaptées.
  3. Demander les devis
  4. Remplir les documents et les donner à ma conseillère CSP pour qu’elle les transmette à Pôpole

Whaou, jusque là c’est tout cool, tout simple. Mais ensuite, ça se corse.

Les 4 points sont faits dès juillet 2019.

Fin août pas de nouvelles, donc ayant rendez-vous « accompagnement » avec ma conseillère, je lui fait part de mon inquiétude,… la formation devant commencer le 03 septembre.

« Houla, oui, je renvoie le mail à Pôpole » me dit-elle. 10 mn se passent… elle tapote sur son clavier… mon temps d’accompagnement file…

 » Voilà, c’est fait ! ». A la bonne heure, 10 mn pour retrouver le mail et cliquer sur « transférer »… Ma 1/2 heure d’accompagnement personnalisée est terminée. Franchement, si c’est pas abusé…

Une semaine plus tard, toujours rien. J’appelle ma conseillère : « ha bon ?? » me dit-elle, « pourtant on a bien relancé avec U. Bon je relance de suite… ».

A ce stade, je me dis qu’un truc ne va pas… mais où ? Du côté de Tangana ? Chez Pôle ? Qui déconne ?? Je me vois dans l’obligation de pister tout le monde. Bon, ok j’ai du temps pour ça, mais franchement c’est ultra usant.

Une fois rentrée chez moi, je décide de téléphoner directement à Pôpole pour le prévenir qu’un mail important attend sa réponse. J’appelle… je fais toutes les commandes demandées…, ** # **56 7 7 5 plus tard, la standardiste me dit d’aller voir mon conseiller Pôpole directement de visu à Trappes . Pas de contact par téléphone, pas de rendez-vous par téléphone, faut aller sur place.

Haha , je sens bien le coup fumeux mais comme je n’ai pas grand-chose à faire, je décide d’attendre 2-3 jours le temps à Pôpole de lire et répondre aux mails de relance (c’est beau la technique, l’internet rapide, tout ça…), et si Pôpole ne traite pas ses mails, j’irai me promener à Trappes un beau matin de la semaine prochaine.

J+3

Restant sur ma faim car n’ayant pas toutes les réponses à mes questions, je me décide à retourner dans mon agence locale. Je réfléchis longuement avant d’y aller partagée entre l’idée de me faire à nouveau maltraitée et baladée, avoir enfin des infos fiables ou bien exulter sur l’incapacité de la maison à faire ce qui est noté sans ses documents (avec preuves à l’appui) et demander à voir un responsable, tout en faisant de grands moulinets avec mes bras.

Bref, d’un coup je me lève et pars à l’agence.

Prête à faire 20 mn de queue, je suis agréablement surprise, y’a personne… la personne de l’accueil arrive à son pupitre en même temps que je m’approche de celui-ci. Cette aimable dame me renseigne, en 2 secondes. J’ai une réponse à « j’ai initié une demande de bilan de compétence seule avec mon cfp : est ce que ça va pas « frotter » avec les propositions d’actions de Popol ? » et un « bon » conseil : « gardez vos heures pour vous payer une formation et profitez des actions de Popol (avec pyscho du travail, etc.)

L’autre question nécessite un expert indemnisation. Ha là je me dis que je vais commencer à galérer. Je vais devoir prendre un rv pour dans 10 jours… mais non elle prend son téléphone et appelle « Erwan »…qui peut me recevoir de suite. Là je suis estomaquée ! Je monte à l’étage et attends assise (je précise parce que jusque-là attendre « assis » n’était pas évident).

Un black attend, visiblement pas en forme. Courbé, la cinquantaine, il tousse et grimace. On pourrait se croire dans une salle d’attente de médecin, mais il est très bien sapé… J’en conclus que son rendez-vous doit être très important pour lui.

Erwan me reçoit, bonne humeur, sympa, ma question le « colle » un peu : il pense que oui mais il voudrait me le confirmer. Il chercher dans son ordi mais nada. Ha il va tenter dans une autre bas de données.

« Non, vraiment, y’a rien… mais je suis quasi certain que vous pouvez facturer, que ce n’est pas incompatible. »

Il prend mon nom et téléphone et me rappellera dans la journée. Je repars soulagée d’avoir été écoutée et traitée normalement et aussi de savoir comment poursuivre mon aventure « chômage . Finalement, un simple contact normal, cordial, humain prend ici un tour extraordinaire. On s’attend tellement à galérer, à être black-boulé, à recevoir des injections et des critiques, qu’une simple relation normale fait un bien incroyable. Ce sentiment est dérangeant, non ?

Bon, 8 jours plus tard j’attends toujours… rien, pas un coup de fil. D’ailleurs ce coup de fil ne viendra jamais.

Le jour J… et les suivants

1er mars 2019 : ayé, c’est officiellement mon 1er jour de chômage.

RAS.

J+2

Deux jours plus tard, toujours rien… Je décide d’aller à la pêche aux infos : qui va me contacter et comment ? J’ai l’impression d’entrer dans un escape game… Je marche à taton, sur la pointe des pieds, je m’attends à tout. Je me rends à l’agence près de chez moi là où je me suis inscrite.

J’entre. Un monsieur est devant moi dans la queue à l’accueil… Au bureau de l’accueil se trouve la même personne qui m’avait inscrite à la mauvaise réunion d’info, lors de ma première venue. Aïe, je redoute une autre boulette du coup.

Le monsieur devant moi, environ 55-58 bien tassés, mais surtout bien usé physiquement, certainement un ouvrier du bâtiment ou quelque chose comme ça. En effet, il tient un dossier CSP où je lis « couvreur zingueur ». J’ai mal pour lui. Non seulement il fait un boulot super physique qui casse, mais en plus on le met sur le carreau… à son âge. Je me dis que notre société est bien en retard sur son XXIème siècle. Il me semble inhumain de faire bosser aussi dur des gens de nos âges (> 55 ans). Moi je suis exténuée par les transports et la fatigue nerveuse de 8h d’écran par jour, de tous les bouts de tâches différentes que je devais faire tous les jours, de tous les contrats que j’ai dû gérer débilement sans avoir toutes les infos pour comprendre, de toutes les mises en difficultés permanentes devant les clients que je devais former alors que moi-même je survolais le sujet, par le stress et le besoin de reconnaissance professionnelle qui a manqué, … lui, en plus, il est rincé, cassé physiquement… Franchement, est-il normal aujourd’hui, avec ce que la médecine nous dit, avec ce que la technologie nous permet de continuer à passer plus de temps au travail qu’avec les siens ? Ne serait-il pas raisonnable, voire normal, juste, judicieux et humainement moral de donner la moitié de son temps à la société du travail et se garder l’autre moitié pour soi, sa famille, la nature, l’art, l’entre-aide… ? J’ai toujours imaginé que le progrès serait toujours devant nous et que celui-ci n’avait qu’un seul but, ne pouvait n’avoir qu’un seul but : le mieux-être de l’Homme. J’ai toujours imaginé que c’était là le seul but de chacun sur cette terre, en tout cas de tous ceux qui ont le pouvoir de bouger les lignes. Faut croire que j’ai rêvé. Je suis bien naïve.

Avec ce monsieur, on se parle. Lui aussi a choisi le CSP mais il doit remplir un dossier (double page A4) … qu’il me semble ne pas avoir rempli. Un doute m’assaille…

L’accueil se libère et arrive le tour de mon couvreur zingueur : « ha mais vous devez remplir le dossier ! pffff. On va vous mettre à côté pour le remplir. Vous avez un crayon ? Non ? Ben faudrait en avoir un hein ! Je vous en prête un mais faut me le rendre hein ! ». Tout ça en parlant très fort dès fois que ce pauvre couvreur zingueur serait sourd peut-être.

Je tente un timide : « heu, moi aussi je dois sans doute remplir ce dossier… »

– « Non, vous je ne pense pas. Votre nom ? Votre dossier a dû être envoyé par votre employeur… je vérifie. »

Là je suis assez estomaquée… Se souvient-elle de moi ? Comment sait-elle que c’est mon employeur qui a fait la démarche ? y’a un peu de magie dans l’air…

« ha ok… mon nom c‘est « Paradis » (à chaque fois que je donne mon nom d’épouse, c’est magique, ça fait plaisir aux gens et ça enlève toute pression !) ». J’avoue en jouer…

Mon hôtesse d’accueil : « Votre dossier a bien été envoyé par votre employeur, on va le traiter. Vous n’avez rien à faire. »

Silence. Cet écran magique qui sait tout qui voit tout et qui fait tout indique en effet que mon dossier est reçu et en cours de traitement. Je n’ai rien à faire d’autre qu’à attendre chez moi qu’on me contacte. C’est tout à fait excitant !!

Je remercie servilement mon hôtesse et je sors. Bon, à ce stade ils n’ont toujours pas mon mail perso, ne me l’ont pas demandé… faudrait pas que je perde mon tel portable car a priori ils n’ont que ça pour me contacter ! Mais la magie devrait opérer.

J+3

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J+5

Coup de téléphone. Une voix masculine très douce se présente comme mon conseiller Pôle emploi et me demande de passer compléter mon dossier. Il manque un volet A4. Ha ha, je ris, franchement, sincèrement, mais intérieurement. Entre magie et administration, il y a vraiment un truc 🙂.

Mon cher conseiller me propose un rendez-vous le jour où justement je suis convoquée à la réunion d’information CSP (la bonne cette fois-ci, celle qui suit l’inscription). Du coup, il me donne rendez-vous la semaine suivante, mais avec un autre conseiller, M. C. Il me dit :

« C’est pour mettre dans les tuyaux vos indemnités … on est dans les temps, pas de problème ». A la bonne heure !

Je dois avouer que la seule chose qui aura vraiment bien fonctionné, c’est le versement des mes indemnités !

J+12

Je vais à mon rendez-vous à l’agence et demande à voir M. C. Je monte à l’étage et attends. Je tombe sur une connaissance qui travaille chez Popole. A nouveau, je perçois un malaise dans son regard : « ha tu t’es faite licenciée. Ha zut. Bon c’est qui ton conseiller ? »

Je lui réponds Monsieur T, mais que là je viens voir Monsieur C. « Bon, je vais lui dire de prendre soin de toi. ».

C’est vraiment gentil de sa part, mais j’espère au fond de moi que tout le monde est bien traité ici ! A moins que cela ne préfigure des mauvais traitements un peu généralisés ? je ne sais pas trop quoi penser…

J’en profite pour lui dire que j’ai fait le choix du CSP, que je trouve ça plutôt avantageux et intéressant, mais que je veux bien son avis, car il y a peut-être des contre parties lourdes que je n’ai pas captées.

Alors un mot sur ce programme CSP. Proposé essentiellement lors d’un licenciement économique, il permet d’être indemnisé de suite sans carence, et ce à quasiment hauteur de son ancien salaire (genre quasi 90%… du net). Alors un autre mot pour ceux qui ne connaissent pas le chômage et son indemnisation, voici le « régime classique » : lorsque vous quittez votre emploi et que vous touchez une indemnité d’ancienneté et /ou de licenciement, Popole calcule un délai de carence en rapport avec cette prime, sensée vous faire vivre durant cette carence. Un petit peu honteux non ? A qui demande-t-on la même chose ? de bouffer toute sa prime avant de percevoir ses alloc ? C’est comme si on disait aux grands patrons « ben votre parachute doré là il vous servira de chômage et de retraite. Ce n’est que quand vous aurez tout bouffé qu’on vous versera quelque chose… ». Avis aux pourfendeurs « des chômeurs fainéants qui profitent de nos impôts ». Ensuite, non seulement vous aurez bouffé toute votre indemnité mais ensuite vous ne toucherez plus que 57% de votre brut. Ha faut l’anticiper ! parce qu’on se retrouve vite à faire ses courses chez Lidl ☹… voire à ne faire que des demi-caddies, toujours chez Lidl

Donc ce programme CSP est plutôt intéressant et devrait même être proposé à tout nouveau chômeur. La contrepartie demandée au « feignasse de chômeur » ? donner ses 3 mois de préavis (c’est quand même 3 mois de salaire chargé) et s’engager à suivre l’accompagnement proposé.

Donc, tout ça me paraît bien, vraiment bien sinon normal mais j’ai quand même un doute sur la contrepartie. Y aurait-il quelque chose qui m’aurait échappé ? la mariée me parait trop bien habillée, et je suis de nature méfiante. D’ailleurs le fait de nous laisser 21 jours de réflexion avant d’accepter me fait craindre une « baleine sous gravillon » ; ou bien ce délai a été judicieusement calculé pour faire qu’on oublie (les chômeurs sont tellement tête en l’air… ça je l’ai bien entendu de nombreuses fois) … car il est bien indiqué dans un coin « Attention, sans réponse dans les 21 jours, le CSP ne sera pas activé ». [1]

Extrait du dossier CSP

Ha oui, petit détail : les personnes en CSP ne sont pas comptabilisées dans les chiffres du chômage. Pour ça, ils peuvent bien nous faire une fleur !

[1] A propos du CSP : https://www.pole-emploi.fr/candidat/le-contrat-de-securisation-professionnelle-csp–@/article.jspz?id=61019

« ha non c’est un bon système. Je te conseille de l’accepter ! » me dit immédiatement mon amie.

Merciiii ma copine ! J’ai enfin un avis sûr qui corrobore le mien.  Quel soulagement d’être certain de ne pas avoir fait d’erreur. Quand on n’a pas trop de fric et une famille à charge, il ne faut vraiment pas se tromper sous peine d’entraîner dans la galère ceux qu’on aime. La perspective de porter préjudice au bien-être de ma famille me tétanise (c’est pour cette raison que je suis restée si longtemps dans cette boite qui m’a vraiment maltraitée surtout vers la fin, que j’ai accepté beaucoup de choses au prix d’y laisser de ma santé et de friser le burn-out, que j’en suis ressortie écrabouillée mentalement avec une confiance en moi en miette). Ces situations de mise en précarité sont hyper stressantes, les politiciens qui jouent avec ces réformes devraient le savoir. Ceux qui veulent durcir les règles aussi : c’est déjà très dur, on se sent écrasé, aplati, moins que rien et en plus on va galérer avec l’argent. C’est plus qu’une double peine. Mais en ont-ils quelque chose à faire… ?

Mon tour arrive. Monsieur C. très sympa me fait asseoir, me demande des infos qu’il saisit directement, me fais signer le récapitulatif et zou : « voilà, vos indemnités vont pouvoir être enclenchée ». 5 mn montre en main. A la bonne heure !


2ème (et dernière) réunion d’information

2ème (et dernière ?) réunion de présentation du csp. Même gars… mais mieux organisé semble t-il : cette fois-ci personne n’a été oublié dans la salle d’attente ! Et pourtant aujourd’hui il y a beaucoup de monde. La salle de réunion est pleine à craquer. J’ai comme l’impression que c’est ainsi tous les mardis, jour de réunion d’intronisation dans le processus CSP.

Je décide de ne pas poser de question cette fois-ci, ne pas l’interrompre, ne pas l’énerver.

Nouvelle distribution de double A4 à remplir…. imprimé avec la même photocopieuse pourrie ! Du coup, comme je n’avais pas pris le dossier déjà à moitié rempli de la session précédente, imaginant un couac d’impression involontaire, mais en fait non, ou alors ils ont fait un couac de 2500 feuilles, je recommence donc à deviner les questions et j’inscris mes réponses.

Les gens font de même puis la présentation commence et chacun de prendre des notes. Très peu de questions… est-ce que tous sont passés comme moi par une 1ère réunion de répétition ? Possible, dans tous les cas, nous voici tous embarqués dans l’aventure Popole emploi. Troupeau résigné.

J’ai su plus tard que ce formateur s’était retrouvé en arrêt longue maladie… Burn-out ? marre de voir des wagons entiers de nouveaux chômeurs, de leur vendre le rêve d’un accompagnement vers un nouvel emploi,… en vain ?

Le lendemain de cette présentation, je reçois tous mes documents officiels de chômeuse : Impôts, indemnités, code chômeur, … et la convocation pour le lendemain (!) avec mon conseiller attitré à l’agence d’accompagnement privé à Versailles.

Après la réunion…

Restant sur ma faim car n’ayant pas toutes les réponses à mes questions, je me décide à retourner dans mon agence locale. Je réfléchis longuement avant d’y aller, partagée entre l’idée de me faire à nouveau maltraitée et baladée, avoir enfin des infos fiables ou bien exulter sur l’incapacité de la maison à faire ce qui est noté dans ses documents (avec preuves à l’appui) et demander à voir un responsable, tout en faisant de grands moulinets avec mes bras.

Bref, d’un coup je me lève et pars à l’agence.

Prête à faire 20 mn de queue, je suis agréablement surprise : y’a quasiment personne… La personne de l’accueil arrive à son pupitre en même temps que je m’approche de celui-ci. Cette aimable dame me renseigne et en 2 secondes j’obtiens une réponse à « j’ai initié une demande de bilan de compétence seule avec mon cfp : est ce que ça ne va pas poser un problème de compatibilité avec les propositions d’actions que Pôpol pourrait me faire ? » et un « bon » conseil : « gardez vos heures pour vous payer une formation et profitez des actions de Pôpol (nous travaillons avec des psychologues du travail, etc.)

L’autre question nécessite un expert indemnisation : je fais parfois de petites actions en free lance que je facture en note d’honoraire. Est-ce que je peux continuer durant mon CSP ? Ha là je me dis que ça va commencer à coincer. Je vais devoir prendre un rv pour dans 10 jours… mais non elle prend son téléphone et appelle « Erwan »…qui peut me recevoir de suite. Dingue. Je monte à l’étage et j’attends assise (je précise parce que jusque-là attendre assis n’était pas évident).

Un black attend, pas très en forme, fatigué, un peu vieux, courbé, il tousse mais il est super bien sapé. J’ai mal pour lui. Je me dis qu’à son âge (et vu son état) ça ne va pas être simple de retravailler… De quoi vit-il ? A-t-il des enfants ? Une femme ? Sa dignité, je la sens, elle n’est pas que dans son costume.

Erwan me reçoit, bonne humeur, sympa. Ma question le « colle » un peu : il pense que oui mais il voudrait me le confirmer. Il cherche dans son ordinateur. Un certain temps… je me dis que décidément voilà Erwan perdu dans les méandres des tuyaux d’internet à la recherche du Graal. Finalement, non il ne trouve pas, mais il va regarder et me rappeler dans la journée. Il prend mon nom et mon téléphone. Je repars soulagée d’avoir été écoutée et traitée normalement et aussi de savoir comment poursuivre mon aventure « chômage.

Bon, à ce jour… Erwan ne m’a toujours pas rappeler.

Dans tous les cas, j’ai assez d’infos pour me dire que ce fameux CSP est plutôt une bonne chose : je vais être suivie de près, je suis payé à 75% au lieu de 57, et y’a plein de primes quand on retrouve un job la première année.

J’accepte et je signe les documents que je remets en main propre à mes patrons « fossoyeurs » de femme quinqua « trop vieille pour vendre du web ».

Une étoile de mer dans le métro

Ligne 3

Je m assoie, banquette de 4. Face à moi 2 très jeunes femmes : une jeune maman (elle tient un bébé et est embarrassée de sacs : sac à main, sac à langer, sacs de fringues à 2 balles,…). Elle est  noire, très en chair avec un magnifique turban vert et bleu fermé par un joli enroulé de tissu façon escargot juste au-dessus du front. Très apprêtée et vraiment belle.  A côté d elle, une jeune indienne ou sri lankaise, peau assez foncée, visage fin, de grands yeux vifs, intelligents.

Les deux sont habillées de façon classique (petit pull, blouson pantalon). La jeune indienne a un sourire figé, béat,  de grand yeux rieurs qui illuminent son visage. Elle a un regard incroyable, plein de vie.

La jeune fille noire qui tient le bébé a, comme toutes les mamans africaines que j’ai pu voir, l’assurance et la maîtrise des gestes sûrs d’une maman confirmée malgré sa jeunesse : elle n’est encore qu’une adolescente.

Etoile de mer (libre de droit)

Son bébé , environ 3-4 mois pas plus, est engoncé dans une combinaison « babygro » genre nounours en polaire rose . Ce bébé, certainement une fille donc, a des yeux ronds, très foncés, grands ouverts, un visage tout aussi rond et plein de cheveux. Juste à croquer. Sa combinaison est bien trop petite ce qui l’oblige à avoir les 4 membres totalement ouverts : elle me fait penser à une étoile de mer. Sa mère la lève, la penche de droite à gauche pour la faire rire (toujours bras et jambes totalement écartés) et la tend à la jeune indienne qui jubile comme s’est pas permis à l’idée de tenir cette petite. Elle attrape l’étoile de mer qui m’observe autant que je l’observe, elle ne me quitte pas des yeux. Gros contact.

La maman sort un biberon contenant une dose de lait en poudre et un petit thermos devant contenir l’eau chaude. Pendant quelle prépare le biberon (tout ça avec les secousses du métro, hein. Des gestes sûres et une maîtrise qui m’impressionnent encore), la jeune indienne tient la petite assise sur ses genoux, toujours avec bras et jambes en croix tellement elle ne peut les plier. La petite me regarde toujours de ses 2 billes marron interrogateurs, petite bouche lippue surmontée de 2 belles joues fermes.  Craquante. La maman la reprend. L’étoile de mer refait un passage de droite à gauche cette fois ci, flux et reflux. La voici bien calée dans les bras de super maman, le biberon vissé dans la petite bouche goulue qui tête. Yeux grands ouverts, la petite boit. L’indienne la regarde, attendrie, sans doute un peu envieuse, mais heureuse de participer  à ce moment. Une grande et belle complicité règne entre ces 3 là.

Hélas, me voilà arrivée, je dois descendre. Je me lève et je sors de la rame. Je laisse cette petite étoile de mer entre de bonnes mains et cela me réjouit.

Bonjour Popole

Cette expérience si banale dans les médias est tout de même très traumatisante pour tout ceux qui se trouvent confrontés à la perte de leur emploi, notamment lorsque vous avez votre carrière professionnelle derrière vous. Cette expérience, sera la 2ème pour moi, en 25 ans de vie « active » (c’est bizarre cette expression… « vie active », comme si on ne l’était pas quand on n’a pas de travail rémunéré). La première fois ce fût vraiment très douloureux, j’espère que cette fois-ci tout ira mieux, plus vite et pourquoi pas bénéfique. Je pars donc ni anéantie ni déprimée mais au contraire très positive et pleine d’énergie. Et cette fois-ci, je voudrais noter au fil de l’eau tout ce qui fait un parcours de chômeurs ici en France, en banlieue parisienne : les événements, les rencontres, les espoirs, les déceptions, les baisses de régime, les fous rires, les maux de ventre, les migraines, le regard des autres…