Je monte dans la rame, station Place d’Italie. Immédiatement, un jeune homme, type maghrébin, de beaux cheveux noirs bouclés, de grands yeux rieurs, beau comme un dieu, à peine 20 ans… se lève de son strapontin pour me l’offrir. Il était en train de boire une canette de bière et ses yeux étaient humides, passablement éméchés. Son geste était touchant car spontané, sincère. Il voulait me faire plaisir, à moi une femme un peu vieille… surtout par rapport à lui. Lui rappelai-je sa mère ? Aurait il osé se lever et me proposer sa place s’il n avait pas été un peu soûl ? Ou bien était il défoncé ? Que de question en 1 fraction de seconde… ce garçon m’interpelle. Évidement je refuse sa place tout en le remerciant. Le metro ralentit et le haut parleur annonce la station « Richard Lenoir ».
A ce moment, sur le strapontin d’à côté de mon beau jeune maghrébin, un homme noir, environ 30-40 ans (peut-être plus), s’éclate de rire en répétant « haa le noir ! Mais il est où le noir ?? Haaa ha Richard le noir houhou ! ». On se regarde tous les 3 et on se met à rire de bon coeur comme 3 bons vieux potes peuvent rirent à une blague un peu douteuse de l’un d’eux. Nos regards se croisent, une fois l’un, une fois l’autre, nos regards et nos rires tournent entre nous et nous sommes unis. Instant fugace de complicité humaine, entière. Le trajet se poursuit… silencieux, trop silencieux… tout rentre dans l’ordre, lisse.
Des gens montent à la station suivante sans savoir quelle bonne blague avait animé cette partie de la rame l’instant d’avant.
Instant trop bref, j’aurais aimé passer un peu plus de temps avec ces 2 là, magnifiques. Se connaissaient-ils ? Quelle était leur vie ? Vie de galère illuminée d’alcool ? Sans doute… mais aussi brassée de beaucoup d’humanité.