Rupture

Ainsi, cette année sera une année de rupture. Après 21 ans de bons et loyaux services, mon patron me licencie. Pas assez d’activité, problème d’équilibre financier… Bref, j’étais la dernière de la liste, on y est.

Lire : Le jour où tout a basculé

La dernière fois que j’ai passé un moment au chômage c’était il y a plus de 20 ans. Des souvenirs humiliants, traumatisants, des yeux mouillés à la sortie de chacune de mes visites à l’ANPE APEC ASSEDIC… la rage au ventre. En 2 ans de chômage et quelques 135 lettres de candidatures, aucune formation, aucun soutien, juste un « vous n’êtes peut-être pas assez bonne dans votre domaine…! ». Le coup de grâce.

Aujourd’hui, j’appréhende ce nouvel épisode comme une expérience, un peu en dehors des clous (ou à côté de mes pompes), comme en hypnose, en observatrice de moi-même… Après tout, j’ai l’âge de me poser un peu, de pouvoir m’amuser un chouïa et j’ai, il me semble, acquis assez de sagesse pour ne pas me laisser anéantir par d’affreux incompétents de chez Popole… et même peut-être que j’aurais à faire à des gens qualifiés, depuis le temps ils on dû les améliorer, non ? Dans tous les cas, mettre en mot tout cela ne peut pas me faire de mal !

J’ai donc décidé de noter, de retranscrire chaque rencontre avec « popole emploi ».

Pourquoi ?

…Parce que l’écriture est une bonne manière de ne pas sombrer dans la dépression et la neurasthénie que je vois bien se profiler si je n’évacue pas au fil de l’eau les doutes, les peines, les contrariétés, les espoirs déçus, …

…Parce que « chômeur » rime avec solitude sociale et qu’il faut bien parler à quelqu’un (en l’occurrence vous, toi),

…Parce que, quand on est au chômage, le regard des autres est rempli soit de compassion faux-cul, soit de mépris, soit de la gêne, … et qu’il vaut mieux parfois n’en pas parler du tout. Faites le test ! La prochaine fois que vous rencontrerez un ami voire juste une connaissance qui vous demande « Héé ! ça va ? Qu’est-ce que tu deviens ? », répondez-lui « ho ça va, je me suis fait licenciée il y a 3 mois, mais ça va ». Vous allez voir sa mine déconfite, son regard va s’éclipser vers le sol ou ailleurs mais pas dans vos yeux, … grosse gêne. Et si cet ami, vous ne l’avez pas vu depuis un moment, vous pouvez être certain que vous n’êtes pas près de le revoir ! Je me suis retrouvée plus d’une fois à remonter le moral de mon interlocuteur ! Le chômage ça fait peur, comme si on avait une maladie contagieuse, ou un cancer, alors qu’on devrait prendre cette période pour une possibilité de faire autre chose, de changer d’environnement, se former, ou se poser tout simplement pour mieux repartir…. Non, le chômage est synonyme de « looser, raté, nul, fainéant, incompétent… » alors là c’est sûr, ça fait fuir les gens. Et pourtant, qui peut dire qu’il n’a jamais été au chômage ?… Où qu’il ne le sera jamais ?

… parce que l’écriture permet de ne pas être dépossédée de soi-même, là où vous n’êtes plus qu’un « identifiant » censé être pris en charge, et que vous savez qu’il ne se passera rien, nada, néant … il y aura au moins ce texte,

… parce qu’il peut être intéressant de se rappeler les différents états mentaux qui se succèdent et leurs conséquences, … et pour se rappeler il faut noter,

…enfin, parce que le texte met de la distance, et la distance et l’humour dans ce monde impitoyable de productivité sont de bons remèdes pour rester debout… et humain.

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Ma rupture d’avec le monde du travail commence ainsi : Lire la suite…